Cyril Mathey, élu depuis 2 ans dans la commune de Givors, est avant tout un citoyen conscient des dangers que présente la pollution de l’air pour la santé et l’environnement. Son engagement l’a mené à participer au projet Captothèque, pour s’informer et informer les autres sur l’état de la qualité de l’air de sa commune.

Il nous raconte aujourd’hui son expérience de mesure

 

Pourriez-vous s’il vous plaît nous en dire plus sur vous ?

 

Je m’appelle Cyril Mathey, j’habite Givors depuis une quinzaine d’années, une commune située en bordure du Gier.  J’ai été élu en 2020 dans la nouvelle équipe municipale et je suis adjoint au maire en charge des végétalisations, des espaces publics et des espaces verts.

 

Quelle était votre démarche en empruntant un capteur de qualité de l’air ?

 

Dans la ville de Givors nous sommes traversés par les autoroutes A7 et A47, et habitant à proximité de l’autoroute j’avais, en tant que citoyen et en tant qu’élu, envie de faire quelques mesures, éventuellement dans l’objectif de sensibiliser nos habitants aux conséquences sur leur santé.

 

Avez-vous communiqué vos mesures aux citoyens de votre commune ?

 

Je suis énormément sur les réseaux sociaux. Quand j’ai reçu mon capteur, j’ai tout de suite fait une publication à ce sujet. Hélas quand on parle de santé publique, ça ne suscite pas forcément un engouement très important. La pollution ne tue pas forcément les gens à l’instant T, elle les tue 20 ans plus tard quand ils sont atteints de maladies respiratoires ou de cancers…

 

Avez vous fait des observations intéressantes grâce à ce capteur de particules ?

 

Je m’attendais à observer des niveaux de pollution plus élevés. J’ai essayé de faire des mesures dans mon logement, en situation de mobilité dans mon véhicule, par exemple, après avoir récupéré le capteur dans vos locaux, j’ai effectué une mesure sur le trajet de retour Lyon-Givors. J’ai fait aussi quelques déplacements en vélo dans la commune de Givors avec le micro-capteur.

A pied, en passant à côté d’une voiture dont le pot d’échappement fumait bien, les taux de particules ont tout de suite augmenté et sont passés rouges. Cela montre bien qu’en ce moment les pollutions aux particules sont essentiellement dues aux voitures.

 

 
Particules fines et trafic routier

Les particules fines, mesurées par le capteur MOBI de la Captothèque, ne sont pas le marqueur prinicipal de la pollution automobile. Les NOx, à savoir les oxydes d'azote, sont à contrario les polluants typiques du trafic routier. Dans le département du Rhône, le transport routier est par exemple responsable de 16% des émissions globales de particules PM10 et 15% des particules PM2.5, contre 56% des émissions globales de NOx. Voir le dernier bilan départemental de la Qualité de l'air dans le Rhône pour l'année 2021.
En revanche, en bordure de voirie, en fonction des types de véhicule présents, comme décrit ici par Cyril, ou encore du niveau de congestion de la voirie, on peut observer une surexposition aux particules fines due au trafic automobile. Une surexposition qui atteint princIpalement les populations habitant à proximité des axes, ou encore les utilisateurs de la route.

 

Est-ce que vous avez été surpris par certains résultats observés ?

 

Je me trouvais à proximité de la Maison des jeunes et de la culture de Givors. J’ai réalisé une mesure derrière le mur anti-bruit de l’autoroute et j’ai constaté qu’on était dans le vert bien qu’on se trouvait juste à côté de l’axe. Je pensais trouver de la pollution à cet endroit, mais finalement il semblerait que ce mur anti-bruit « protège » aussi de la pollution.

On a tendance à penser qu’en se trouvant à côté de l’autoroute on reçoit directement les particules, mais on dirait qu’en réalité, elles montent dans l’atmosphère et retombent plus loin.

 

 
La décroissance de la pollution en fonction de la distance de l'axe

Les études menées par Atmo Auvergne-Rhône-Alpes autour d’axes de circulation, ainsi que les cartes de modélisation, mettent en évidence la décroissance rapide des concentrations de polluants atmosphériques autour de ces derniers, en fonction de la distance. Cela se vérifie particulièrement pour le dioxyde d’azote. Concernant les particules fines, cette décroissance est plus lente. On estime par exemple qu'entre 100m et 300m d'un axe routier, on commence à sortir d'une "zone à risque"  

Les obstacles, tels que les batiments, ou comme ici les murs anti-bruit, influencent également la dispersion des polluants, en perturbant la circulation de l'air et de ses polluants. Ceux-ci s'accumuleront plus facilement dans la zone contrainte par l'obstacle.

 

Nous avons aussi constaté que dans l’une de vos mesures en air intérieur, les niveaux étaient globalement assez élevés (orange), sans activité spécifique, d’après vous à quoi cela est-il dû?

 

J’habite dans une rue en bordure du Gier qui parfois devient passante. Par exemple aux horaires de pointe ou quand il y a des accidents sur l’autoroute. Cela génère des bouchons donc les usagers passent par notre rue pour contourner. Le jour où j’ai réalisé cette mesure, il y avait justement beaucoup de trafic, et je ne faisais pas d’activité particulière dans mon intérieur pouvant générer des particules.

 

 
Congestion, freinage et autres sources d'émission

En proximité du trafic, des concentrations plus importantes peuvent être observées dans les zones congestionnées (bouchons, grand carrefour etc.) dûes aux phases répétées de freinage et d’accélération des véhicules. En effet, en plus des particules issues de la combustion de carburant, comme le diesel, accentuée par la réaccélération dans une zone congestionnée, une partie des particules du transport routier est émise par l’usure des plaquettes de freins ou encore des pneus.

Est-ce que les mesures que vous avez réalisées ont influencé vos déplacements ou vos comportements ?

 

Je suis déjà sensibilisé à ces problématiques-là, donc naturellement je fais attention à comment je me déplace. Je prends le vélo dès que je peux, je prends la voiture seulement lorsque je n’ai pas le choix.

 

Est-ce que ces mesures vont vous servir dans une démarche personnelle ou d’action territoriale ?

 

Oui, l’idée ce serait de sensibiliser les citoyens sur cette cause-là. Notre mairie est déjà en contact avec Atmo Auvergne-Rhône-Alpes pour améliorer l’information des citoyens.

Par exemple, il y a une cheminée de l’ancienne verrerie qui se trouve au cœur du pôle automobile de la ville. Nous aimerions, à l’instar de la tour Perret de Grenoble, projeter sur cette cheminée, la couleur de l’indice de qualité de l’air du moment. Ainsi nous pourrions sensibiliser et inciter les citoyens à se déplacer autrement.

Nous avons des panneaux d’information numériques que nous pourrions aussi exploiter à cette fin. 

 
La tour Perret transformée en phare de la qualité de l'air à grenoble

Atmo Auvergne-Rhône-Alpes met en place tout un écosystème d'outils et de services, à disposition directe des citoyens mais aussi de ses partenaires et des territoires pour informer les populations dans l'espace publique.

Grace à ces outils et à l’occasion du mois consacré à la thématique Air dans la programmation de Grenoble Capitale Verte de l’Europe, la Tour Perret, édifice historique et emblématique de la ville de Grenoble, s’illumine pendant 3 mois aux couleurs de l’indice national Atmo pour informer les habitants de l’agglomération de la qualité de l’air prévue le lendemain. D'autres projet de ce type sont en cours d'études.

 

Auriez-vous un dernier mot à adresser à notre communauté de citoyens engagées pour la qualité de l’air ?

 

J’inciterais vraiment les citoyens à venir emprunter un micro-capteur de la Captothèque et à faire un maximum de mesures !

 

Merci à Cyril Mathey pour son témoignage.

 

Crédit photo : "A47-5" by European Roads is licensed under CC BY-NC 2.0 .