Après l’expérience Mobicit’air, voici CheckBox : une expérimentation dans la continuité de la première permettant, à une trentaine de citoyens grenoblois d’expérimenter la mesure de la qualité de l’air. Ainsi, de janvier à mars, les 30 personnes sélectionnées pour cette expérimentation, financée par le projet PRIMEQUAL de l’ADEME et soutenue par la Métro et la Région, ont pu emprunter gratuitement des micro-capteurs pour mesurer les particules fines et analyser l’air respiré dans leur quotidien.
De quoi créer du dialogue entre expérimentateurs mais surtout dans l’espace publique, notamment sur l’impact du chauffage au bois.
Grenoble, métropole motrice pour la mesure citoyenne de la qualité de l’air
Voir des micro-capteurs de mesure de qualité de l’air se balader dans l’agglomération de Grenoble va devenir une habitude : après la première expérimentation Mobicit’air, cette nouvelle itération nommée CheckBox organisée par Atmo Auvergne-Rhône-Alpes - accompagnée par le CNRS, science-po Grenoble et la turbine.coop, a permis de dessiner un peu plus les contours de ce que pourrait être l’observatoire citoyen à l’avenir. Car cette année encore, de nombreuses sessions de mesures ont été réalisées par les expérimentateurs, équivalent à plus de 700h de mesures cumulées. Au total, c’est plus de 2.5 M de données qui ont pu être récoltées, un potentiel fort pour un observatoire augmenté !
Et même si, dans l’agglomération grenobloise, la pollution de l’air est un enjeu déjà largement intégré et que les niveaux de connaissances sont supposément plus élevés qu’ailleurs, nos expérimentateurs ont quand même été surpris de leurs découvertes. Notamment sur la présence de pollution en altitude : “En habitant 800m en montagne, je me rends compte qu’on est aussi touché par la pollution certains jours. On n'imaginait pas être concerné à ce point-là” témoigne un expérimentateur. A tel point que l’on sent apparaître une pointe de déception : “Ça m’intéressait de voir s'il y avait une vraie différence entre la ville et là où j’habite, en campagne... et quelque part, c’est un peu décevant de voir que mon petit village pouvait être autant pollué que la grande ville de Grenoble”. Le responsable désigné semble étonné par le chauffage au bois : “Moi je suis convaincu de l’impact du moteur thermique, et j’étais conscient de l’impact du chauffage au bois, mais pas autant que ça.”
Mais attention, l’impact du chauffage au bois non performant n’est pas le seul sujet discuté ce soir-là : corrélation entre brume et qualité de l’air, identification de la couche d’inversion, odeurs et pollution, impact du trafic routier, brulage agricole... autant de sujets débattus à la lumière des mesures réalisées par les expérimentateurs.
De la participation citoyenne... à la transformation citoyenne
Justement, le fait de mesurer soi-même, et comprendre de fait les phénomènes de qualité de l’air sur nos territoires, incite de l’aveu des participants à se transformer soi-même, voire à aller au-delà :
“Ce qu’il y a de bien avec le capteur, c’est la sensibilisation des gens. On se rend compte de ce que l’on respire et on se l’applique directement. Et c’est important, il n’y a que comme ça qu’on peut améliorer la conscience collective : par la conscience individuelle”. Et à l’instar des conclusions du projet Mobicit’air, on constate ici encore, une grande propension à porter le message : “ [La découverte des phénomènes de pollution, NDLR] m’a tellement marqué que j’en ai informé le village entier... et cela été très bien accueilli !”
Une participation citoyenne qui aboutit donc à une transformation... c’est l’ambition même du dispositif de Captothèque, qui cherche à outiller ceux qui souhaitent mesurer, comprendre et s’impliquer dans l'action pour la qualité de l’air de leur territoire.
Lors de la restitution finale de l'expérimentation grenoblois, les témoignages sur le changement de comportement individuel, grace au micro-capteur, sont nombreux
Une expérimentation pour imaginer l’avenir de l’observatoire
Pour Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’expérience apporte également une somme de pistes pour améliorer son observatoire en y intégrant le citoyen via le micro-capteur. Car même si l’idée de multiplier les points de mesures grâce au micro-capteurs semble belle, les questionnements restent nombreux pour l’association régionale : Comment le citoyen s’approprie-t-il le micro-capteur ? Comment les mesures individuelles de qualité de l’air sont-elles interprétées ? Quelles modalités sont nécessaires pour une meilleure interprétation des données ? Quel est l’apport du micro-capteur dans la réflexion globale sur le changement de comportement ?
Certaines réponses ont été apportées par les expérimentateurs sous l’œil du sociologue Stéphane Labranche affilié à Science Po, et chargé d’analyser l’apport de ce type d’expérimentation pour les citoyens mais aussi les modalités de réussite pour l’observatoire. Ces conclusions feront l’objet d’un rapport et viendront alimenter les solutions d’accompagnement des citoyens ou des partenaires à l’avenir.
Checkbox, la suite
Le projet CheckBox va se poursuivre dès l’hiver prochain sur deux quartiers/villes de la métropole grenobloise pour favoriser la mesure citoyenne de qualité de l’air et partager des questionnements à l’aide d’outils collaboratifs.
Pour cela, le dispositif Captothèque, qui permet le prêt gratuit de micro-capteur et qui offre une plateforme de visualisation des données et d’échanges entre participants, sera adaptée et améliorée en fonction des retours des expérimentateurs de cet hiver 2019.
En fin d’année, une nouvelle version améliorée verra donc le jour et sera testée sur de nouveaux territoires partenaires de la région Auvergne-Rhône-Alpes.