Ce mercredi 23 mars 2022, un incendie s’est déclaré dans une habitation individuelle à Neuville-sur-Saône. Il aura fallu plusieurs heures aux 40 pompiers mobilisés pour maitriser le feu. Un expérimentateur de la Captothèque était sur les lieux avec son micro-capteur.
Un expérimentateur de la Captothèque mesure l'impact de l'incendie
Dans cette rue fortement ventilée de Neuville-Sur-Saône, difficile de deviner qu’un incendie fait rage à quelques centaines mètres. Pourtant ce soir-là, « C’était une nuit un peu noire… et il y avait comme une odeur de feu d’artifice en rentrant à pied du gymnase… Un léger brouillard qui tamisait la lumière des réverbères… » nous raconte Rémi. C’est seulement en arrivant à son domicile, situé à environ 500m de l’incident, notre expérimentateur, a senti une forte odeur de brûlé.
Rémi décide de sortir son micro-capteur emprunté quelques jours avant sur la Captothèque pour estimer l’impact des odeurs qu’il sent, sur son exposition aux particules.
« C’était intéressant sur le coup d’avoir le micro-capteur, cela permet de concrétiser réellement l’impact de l’incendie »
Le résultat est impressionnant : micro-capteur posé sur le rebord de la fenêtre, Rémi réalise plusieurs mesures pendant l’incendie, atteignant jusqu’à 860 μg/m³ pour les PM10 et autour de 300 μg/m³ pour les PM2.5. Des niveaux de particules fines inhabituels, signe d’un phénomène ou un événement atmosphérique et émissif exceptionnel.
Des niveaux de concentration de particules impressionnants, même à des centaines de mètres de la source de l’émission des particules, à savoir l’incendie.
« J’ai ouvert la fenêtre en me disant que ça ferait rentrer un peu d’air, mais ça a été tout l’inverse »
Pensant faire rentrer un peu d’air pour assainir son intérieur, Rémi aère son logement, mais il constate des concentrations qu’il n’aurait pu imaginer : « Je ne m’attendais pas à des mesures aussi élevées » nous confie-t-il.
En effet, l’expérience de Rémi confirme ici un enseignement que bon nombre d’expérimentateurs de la Captothèque ont fait : lorsqu’on aère au mauvais moment, l’air de notre intérieur peut devenir plus chargé en particules fines que l’air extérieur. Cela peut être le cas lors des épisodes de pollution par exemple, ou encore aux heures de pointes lorsque le trafic routier est le plus dense si l’on habite à proximité d’une route très empruntée.
« Comme nous en discutions à l’atelier de dialogue de la Captothèque : c’est important d’aérer, mais d’aérer au bon moment »
D’où l’intérêt d’aérer ses espaces intérieurs aux heures où les activités humaines émettrices de polluants sont moins importantes. Une aération de son logement, au moins 2 fois 10 minutes par jour, demeure toutefois nécessaire pour évacuer les autres polluants spécifiques présents dans l’air intérieur.
Un impact sur plusieurs heures
Le lendemain matin, autour de 7h00, les effets de l’incendie sur les taux de particules étaient encore très marqués au domicile de Rémi, même si les concentrations ont été divisées par 10.
Mais si l’on compare avec une mesure réalisée au même endroit, dans un contexte plus normal quelques jours plus tôt, on constate tout de même une forte présence des particules.
Quelques jours plus tôt les niveaux de concentration dans le logement de notre expérimentateur sont bas. Quelques heures après l’incendie, ils sont encore 10 fois supérieurs à des niveaux considérés comme normaux.
24h après l’incendie, les niveaux mesurés restaient significatifs, avec 35µg/m³ de moyenne alors que quelques jours plus tôt on ne voyait pas une particule voler…
Que retenir de cette expérience?
Les incendies sont des évènements exceptionnels qui impactent très souvent la qualité de l’air des populations directement exposées, jusqu’à plusieurs centaines de mètres, voire des kilomètres à la ronde en fonction de l’intensité de l’incendie et des conditions météorologiques.
Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, en collaboration avec les SDIS (Services Départementaux d'Incendie et de Secours), surveille dès que nécessaire l’impact sur la qualité de l’air de ces évènements d’ampleur, incidents ou incendies.
Les micro-capteurs, comme ceux déployés grâce à la Captothèque, peuvent d’ailleurs être un outil de plus pour détecter, et rapidement estimer l’impact, de ces événements. D’autres méthodes innovantes, comme l’utilisation de drones, toujours en collaboration avec les autorités compétentes, sont aujourd’hui testées pour intervenir efficacement.