Ils sont accessibles, petits, mobiles, connectés... Les micro-capteurs personnels de mesure de la qualité de l'air commencent à intéresser ceux qui souhaitent expérimenter la qualité de l'air qu'ils respirent. Les intérêts de cette technologie sont aussi nombreux pour les observatoires, mais au-delà d'identifier leur potentiel pour l'évolution de la surveillance, l’idée était bien de faire participer le citoyen à la mesure de qualité de l'air. Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, avec le soutien financier de la Métropole de Grenoble, de l'Etat et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a décidé d'étudier de plus près ces nouvelles technologies et d'expérimenter leur utilisation en condition réelle, avec une trentaine de grenoblois volontaires.
Pourquoi des micro-capteurs de qualité de l'air ?
Les observatoires agrées de surveillance de la qualité de l'air, comme Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, utilisent des réseaux de stations de mesures contenant des analyseurs homologués assurant la performance nécessaire à l'analyse réglementaire de la qualité de l'air.
Des mesures indicatives complémentaires
Quelle place pour le micro-capteur dans le dispositif actuel de surveillance de la qualité de l'air ? C'est l'un des premiers enseignements de l'expérimentation Mobicit'air : après une étude comparative approfondie, nous savons que les micro-capteurs disponibles aujourd'hui sur le marché sont capables de donner une tendance indicative intéressante, mais il n’est pas possible de leur accorder le même niveau de confiance que les méthodes de mesure de référence.
Vers une optimisation de la surveillance
L'utilisation des micro-capteurs constitue tout de même une opportunité pour améliorer la surveillance. Déployés largement, ces capteurs pourraient fournir à l’observatoire d’importants volumes de données à des échelles spatiales et temporelles plus fines, alimentant alors les modélisations de qualité de l’air.
Dans cet objectif, le projet Mobicit'air a défini les grands champs de recherche à venir : choix des technologies, emplacement des micro-capteurs sur le terrain, interopérabilité des données ou encore standardisation des méthodes d’assimilation statistique.
Autant de solutions à mettre en place pour que les micro-capteurs deviennent un réel outil d'optimisation de la surveillance.
Un outil de sensibilisation puissant
Au-delà de l'exploration technique, c'est l'approche sociologique de l'utilisation du micro-capteur, par des citoyens, qui a été au cœur du projet.
Les 30 expérimentateurs volontaires, sélectionnés au sein de la métropole Grenobloise pour être équipés de micro-capteurs, ont été libres de réaliser des mesures, chez eux, dans la ville, en mobilité ou pas, pendant une période de deux semaines à un mois et demi.
Cette expérimentation citoyenne a été accompagnée par Stéphane Labranche, enseignant-chercheur en sociologie et sciences politiques, membre du GIEC.
Mesurer par soi-même pour mieux comprendre la qualité de l'air
L'expérimentation citoyenne nous apprend d'abord que la mesure individuelle de la qualité de l’air permet d’accroître les connaissances. En effet, en définissant leur propre stratégie de mesure, couplée à la manipulation de l'outil et au retour direct d'information, les expérimentateurs ont pu mieux appréhender différents phénomènes.
Nombreux sont ceux qui ont pu se rendre compte - et accepter - que certaines pratiques quotidiennes s’avèrent très polluantes comme le brûlage des déchets végétaux, le chauffage au bois dans une cheminée ouverte ou encore l'utilisation de la voiture, en particulier en centre-ville.
Aussi, la propension des expérimentateurs à vouloir échanger et communiquer leurs découvertes aux autres s'est amplifiée. Le micro-capteur a transformé certains d'entre eux en véritables ambassadeurs de la qualité de l’air. Ils ont ainsi sensibilisé leurs proches, leurs collègues de travail et même des inconnus, comme des skieurs sur une piste de ski de fond.
Accompager la dynamique du changement de comportements
L'expérience perceptive des phénomènes liés à la pollution, amenée par l'utilisation du micro-capteur, constitue donc une étape importante dans le processus de changement de comportement individuel.
Même s’il n’y a pas de changement de comportement direct sur la mobilité quotidienne (domicile-travail) qui est trop contrainte par d'autres facteurs comme la gestion du temps, les expérimentateurs ont montré plus de souplesse pour faire évoluer leurs pratiques de mobilité le week-end et plus globalement sur les temps de loisirs. Les expérimentateurs s'avèrent également prêts à une évolution plus durable sur certains choix d'équipements afin de réduire leurs émissions de polluants : choix de véhicules et de type de chauffage en particulier.
Vers une captothèque pour favoriser la mesure citoyenne
Le projet Mobicit'air a ouvert plusieurs pistes de travail mais surtout une vision : permettre à chacun d’évaluer son exposition personnelle, grâce aux micro-capteurs pour favoriser l’engagement citoyen. C'est pourquoi Atmo Auvergne-Rhône-Alpes va prochainement développer une captothèque dans plusieurs agglomérations de la région, qui mettra à disposition du public des micro-capteurs.
Accompagnés d'outils spécifiques de visualisation (application smartphone, plateforme web), ces capteurs permettront également à chacun de participer à la collecte collaborative de données sur la qualité de l’air.
Retrouvez toutes les conclusions de l'étude dans le dossier de presse
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