Xavier, habitant de la métropole de Lyon et cycliste le week-end comme la semaine, fait partie de ceux qui bien avant la généralisation du télétravail, se rendaient déjà quotidiennement à leur travail à vélo, 5 jours sur 7, matin et soir ! En participant à la Captothèque, Il a mis son goût pour le vélo au service de la découverte de la qualité de l’air. Une participation productive : Xavier a réalisé 55 mesures en 20 jours. La plupart à vélo, évidemment
Il nous raconte aujourd’hui son expérience de mesure
Xavier, quelle était votre démarche en empruntant un capteur de qualité de l’air ?
J'avais entendu parler du micro-capteur "Mobi" dans une conversation entre cyclistes de Lyon . Cela m’intéressait de pouvoir mesurer les niveaux de pollution dans mon appartement et sur le trajet de vélo que je fais quotidiennement. J'ai donc emprunté le capteur principalement pour mon trajet domicile-travail. Après je me suis pris au jeu des missions et des challenges qui sont proposés dans l'application.
Faites vous partie d’un groupe de cyclistes ou est-ce que vous faites du vélo seul ?
Habituellement, nous sommes 2 ou 3 collègues et nous nous rejoignons à un endroit de la ville pour se rendre au travail à vélo. Là nous sommes encore en fin d’hiver, début de printemps, et comme il fait froid, les collègues restent chez eux ! Moi j’en fais toute l’année.
Sinon avec les adhérents d’une association dont je fais partie, on fait des sorties à vélo tôt le matin, pour profiter des levés de soleil par exemple. C’est d’ailleurs à travers les adhérents de cette association que j’ai connu la Captothèque.
Abordons maintenant vos mesures ! Où placiez-vous votre capteur sur le vélo ?
Au début je mettais le capteur dans une sacoche à l’arrière et je pense que certaines de mes premières mesures étaient faussées. Puis j’ai suivi les conseils donnés à l’atelier de mettre le capteur dans le panier à l’avant. C’était bien mieux !
Sous la selle ou au guidon ça vibrait beaucoup trop. Un temps je le plaçais aussi sur un sac à dos que je portais exprès, mais le panier c’était vraiment une bonne idée !
Quelles observations intéressantes avez-vous faites avec votre micro-capteur ?
Un jour par semaine où je finis beaucoup plus tard, vers 20h00-21h00, il y a beaucoup moins de véhicules à Lyon. J’ai observé avec mes mesures que l’air était plus respirable à ces moments là, tandis que le matin je traverse tous les bouchons à la Part-dieu, à Villeurbanne etc.
Variation temporelle de la pollution
L’exposition à la pollution lors de vos déplacements peut être variable en fonction des trajets empruntés, des véhicules croisés, et bien sur, du moment observé. Elle dépend principalement de la pollution gloable, dites de fond. Toutefois, l'augmentation des véhicules sur les voiries accroit le nombre de source d'émission de polluant, congestionnant l'espace et augmentant la pollution de proximité. Cela se constate aux heures de pointes notamment dans les zones urbaines.
J'ai fait une autre observation au parc de Parilly, où il y a plusieurs passages, des ponts, justes au-dessus du périphérique. Je m’y suis placé pour observer la pollution et visiblement il n’y avait rien de spécial. Ça confirme ce que quelqu’un a dit lors de l’atelier, que les ponts sont calculés pour être à une certaine hauteur pour éviter la pollution de la route.
Avez-vous pu associer certains pics mesurés avec des phénomènes que vous avez observés à vélo ?
Oui, c’est arrivé !
Je me rappelle une fois sur une piste cyclable, une entreprise posait un marquage au sol au chalumeau. Je suis passé à 1 mètre du chalumeau et à ce moment-là ça a généré un pic énorme. Je pense que c’est le gaz du chalumeau ou ce qui s’en dégageait.
Un point sur les pistes cyclables !
Utiliser une piste cyclable, au dela du confort et de la sécurité qu'elle apporte, est une bonne idée ! Emprunter les vraies pistes cyclables, complétement séparées et éloignées des axes routiers, permet en effet de limiter son exposition aux polluants. Pourquoi ? Car les concentrations de polluant décroissent rapidement au fur et à mesure que l’on s’en éloigne des axes, pour atteindre le niveau de l'air ambiant au-delà de 150 à 200 m.
Sinon, un collègue à moi a mesuré un pic énorme au rond-point de la Doua en rentrant chez lui à vélo. Nous avons émis plusieurs hypothèses, notamment celle de particules fines générés à cause du freinage des véhicules
Congestion, freinage et autres source d'émission
En proximité du trafic, des concentrations plus importantes peuvent être observées dans les zones congestionnées (bouchons, grand carrefour etc.) dû aux phases répétées de freinage et d’accélération des véhicules. En effet, une partie des particules du transport routier est émise par l’usure des plaquettes de freins ou encore des pneus.
Avez-vous remarqué des phénomènes récurrents dans les mesures que vous avez réalisées ?
Oui en effet, les portions de route vers la Part-Dieu, vers l’Avenue des Frères Lumière, où l'on remonte le trafic motorisé, semblent être des endroits assez pollués. Je trouve que c’était fréquemment plus orange que vert pendant mes mesures sur ces portions-là. La rue Bellecombe, on la remonte à contre-sens par rapport aux voitures, la-bas, sur la piste cyclable c’est en revanche plus souvent vert.
Avez-vous été surpris par certains résultats que vous avez observés ?
Les jours de fort ou léger vent l'air est toujours “propre”. Je ne m’attendais pas à ce qu'il n’y ait peu, voire aucune particules fines dans l'air, dès que la météo est venteuse.
L'impact de la météo et de la pollution de fond
La qualité de l'air dépend de l'émission de substances polluantes par différentes sources comme les transports mais dépend également des conditions météorologiques. En effet, la climatologie (vitesse et direction du vent, température, rayonnement, pression atmosphérique…) influence le transport, la transformation et la dispersion des polluants. Concernant le vent, sa direction et sa vitesse va directement impacter les dispersion des polluants émis. Par exemple, plus la vitesse du vent est faible et plus les polluants risquent de s’accumuler et inversement.
Cette relation entre la météo et la qualité de l'air s'applique sur la pollution de proximité, en fonction des phénomènes locaux, mais aussi sur la pollution globale, dites de fond.
Toutes ces observations ont-elles influencé vos déplacements ?
Oui j’ai essayé de faire des déplacements alternatifs, pour voir si mes mesures allaient changer. J’ai essayé d’autres itinéraires pour mes déplacements domicile-travail. J’ai eu beaucoup de vent donc je n’ai pas pu bien observer les variations au niveau des particules, mais je réemprunterais bien le capteur à une autre période pour me faire une meilleure idée.
Anticipez la qualité de l'air sur vos trajets
L'application Air to Go permet désormais d’anticiper la qualité de l’air sur vos trajets à pied ou à vélo. Les cyclistes retrouveront notamment la possibilité de consulter, heure par heure, les niveaux de qualité de l’air de leurs trajets du quotidien. Les trajets sont en plus fournis par Géovélo, le service qui guide le mieux les cyclistes ! |
Un dernier mot à dire à nos lecteurs ?
N'ouvrez pas vos fenêtres le matin en ville ! Et faites attention aux vélos sur la route !
Merci à Xavier pour son témoignage. Nous avons aussi un dernier mot à dire : le fait de prendre son vélo quotidiennement pour aller au travail améliore votre santé, en diminuant notamment le risque d'accident vasculaire. D'après l’Organisation Mondiale de la Santé, les effets bénéfiques de la pratique de la bicyclette sur la santé permettraient de sauver chaque année un millier de vies.
Et en plus, le vélo n’émet pas de CO2 et de polluants atmosphériques. Se rendre au travail 1 à 2 fois par semaine en vélo pour un trajet inférieur à 5 km réduit déjà de 20 à 40 % son impact sur la qualité de l’air.
Dans la région, de nombreuses associations font la promotion de l'utilisation du vélo, notamment en milieu urbain. Pour plus d'information, n'hésitez pas à consulter La ville à vélo à Lyon, Un petit vélo dans la tête à Grenoble ou encore Vélo Cité 63 à Clermont-Ferrand.